Le cadeau
19 Mar 2021

Vous aimez recevoir un cadeau ? Savoir que quelqu’un a pensé vous ? Que cette personne a pris la peine d’emballer l’objet pour vous l’offrir avec joie ?
Les cadeaux parlent autant de celui qui offre que de celui qui reçoit. Souvent, nous offrons ce que nous aimerions recevoir.
Celui qui aime les livres à tendance à en offrir. Celui qui aime recevoir des fleurs aura un bouquet caché dans le dos lorsqu’il sonnera à votre porte. Celui qui aime les mots doux et les phrases joliment tournées vous écrira un mot plein de poésie.
L’autre se présente devant nous comme un livre ouvert. Il vous dit ce qui l’émeut. Ce qui le préoccupe ou simplement ce qui lui fait plaisir.
Vous avez envie de faire plaisir à quelqu’un ? Mémorisez simplement ce qu’il vous dit de lui par ses phrases, ses cadeaux et ses compliments.
Envie de faire plaisir à quelqu’un ? Écoutez-le.
PS. Retrouvez les bulles en vidéo ici sur ma chaîne YouTube !
Quand on parle de cadeau, il y a un livre de référence incontournable et mondialement connu: l’ « Essai sur le don » de Marcel Mauss (1924).
Il y décrit deux types de don: le potlacht et la kula suivant que le don implique ou non d’une réciprocité de celui qui reçoit le don par rapport au donneur.
Dans la culture du potlacht, celui qui reçoit un cadeau se doit de faire un contre-don, ne serait-ce qu’un simple « merci ». Et ce « merci » dit bien ce qui est en jeu: mettre à merci celui qui reçoit le cadeau, en le rendant redevable d’un de réciprocité. Celle-ci peut être illustrée par les Espagnols arrivant en territoire Incas en leur ouvrant de la bimbeloterie sans valeur: ceux-ci pris dans cette culture de la réciprocité leur donnait de l’or ! Ne parlons même pas de ces parents (toujours les autres !) qui devant la non reconnaissance de leurs enfants leur lâchent un « après tout ce que j’ai fait pour toi ».
De là on comprends ce qu’est la kula: un don sans contre don: idéalement ce que sont des ‘bons’ parents qui donne sans espoir ni obligation de retour et de réciprocité à leurs enfants.
Cette vision transversale du cadeau montre que le cadeau pour faire plaisir n’est pas absent de pensées pas forcément altruistes.
On sait que certaines religions nous disent qu’il y a plus de plaisir à donner qu’à recevoir: on voit ainsi la duplicité de ce plaisir suivant qu’on est dans le désintéressement de la kula ou la réciprocité obligée du potlacht.
« Que cette personne a pris la peine d’emballer l’objet pour vous l’offrir avec joie ? »: potlacht: emballer l’objet pour vous emballer !