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Demander une surprise

10 Oct 2020

La loi de l’attraction nous le rabâche : pour trouver une place de stationnement, visualisez-la ! Une autre école pousse le bouchon encore plus loin : demandez une surprise !

Un peu dubitative, j’arrive à Turin avec cette demande en tête. Je me place à la fin d’une longue file d’attente devant le musée du cinéma et découvre que l’entrée est gratuite ce jour-là !

Vous me direz qu’elle aurait été gratuite même si je n’avais rien demandé. Et vous avez raison. Ce qui change, c’est mon ouverture aux surprises.

Je vous invite à vous connecter à votre âme d’enfant – celle qui aime jouer – et à demander des surprises. Je vous garantis que vous allez en « voir » chaque jour, là où avant elles passaient inaperçues. Et des petits moment de jubilation jalonneront votre journée.

Envie de jouer ?

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Gundula Welti

Comments

  1. Patrick Bourg Says: octobre 11, 2020 at 1:22

    Tout d’abord, je dois te remercier pour ces bulles. En effet, sous le couvert de bulles (qui explosent comme des bulles de savon) en apparence anodines voire naïves (une qualité pour moi) (je récuse l’idée qu’elles puissent être des bulles papales !), tu nous proposes de jouer (‘game’ ou ‘play’ ? That is the question !) avec ces petits textes ramassés comme des haïkus. Ces bulles sont par elles mêmes une invitation au jeu: oui mais lequel ?

    « Nous ne connaissons des choses a priori que ce que nous y mettons nous-mêmes » Kant: un médecin lors de son interrogatoire et de son examen ne trouve que ce qu’il cherche. L’histoire des sciences montre qu’à une exception près la théorie à toujours précédé l’expérience et la découverte. Oui je ne trouve une place de parking que… si je la cherche !!!

    « Demandez une surprise »: voilà une reprise d’une très vielle idée à l’origine la la philosophie elle-même: l’étonnement. La capacité à l’étonnement (à la surprise) est la base même de la recherche intellectuelle.
    « Âme d’enfant »: ce qui est intéressant c’est qu’on retrouve chez l’enfant comme une contradiction: par sa naïveté il est prêt à l’étonnement alors que d’un autre côté il n’aime pas les surprises et réclame qu’on lui raconte les mêmes histoires aux mots près; et que la dégustation de nouveaux plats n’est pas son fort: « quoi je te vois par un mot nouveau retenu, voudrais tu n’entendre que le déjà connu ? » Mephisto dans le Faust de Goethe. L’enfant aime jouer (c’est vrai) et on doitau pédiatre-psychanalyste anglais Winnicott d’avoir explicité l’importance de ce playING (le gérondif est le plus important et sans équivalent en français (peut être un participe présent)) et en même temps il n’aime pas les surprises… trop surprenantes !
    Devenir adulte serait peut être de garder cette capacité au jeu et à l’étonnement en y ajoutant l’apprentissage des surprises: ‣ Abelard (1079-1142) «Aveugles guides d’aveugles, comme dit l’Apôtre, ignorant de quoi ils parlent, de quoi ils tranchent, ils condamnent ce qu’ils ignorent, ils accusent ce qu’ils ne connaissent pas. Ils jugent mortelle une saveur qu’ils n’ont jamais goûtée. Tout ce qu’ils ne comprennent pas, ils disent que c’est sottise ; tout ce qu’ils ne peuvent saisir, ils le tiennent pour folie».

    « … vous aller en « voir » »: « Je dis concept plutôt que perception, parce que le mot perception semble indiquer que l’Esprit est passif à l’égard de l’objet, tandis que concept exprime plutôt une action de l’Esprit » Spinoza (1632-1677).

    « vous allez en « voir » chaque jour, là où avant elles passaient inaperçues »: c’est quasiment l’idée de l’inconscient freudien: l’inaperçu n’est pas le non conscient mais le non lié: la chose est là devant moi mais je ne la vois pas car le concept de cette chose me fait défaut: pendant longtemps on n’a pas vu les électrons ou les quarks !

    « Envie de jouer ? « : ‘jouer’ ne comporte qu’un seul mot en français, et deux en anglais: ‘play’, le jeu sans règle, ‘game’ (of tennis), le jeu avec règle. Et Winnicott intitule son fameux livre: « Playing and reality »: il promeut donc le jeu sans règle avec un gérondif qui indique que c’est en jouANT… qu’on devient forgeron ! Pas si loin que ça de la définition du désir chez Spinoza: « exister en acte ». Le playing m’éduque en me faisant explorer le monde sans les contraintes d’un jeu avec règles. C’est dans le jeu que je découvre les premiers ferments de la liberté qui repose sur l’apprentissage de l’angoisse comme « vertige du possible ». Quand je joue, je m’expose à tout ces possibles dont Kierkegaard nous dit qu’ils sont consubstantiels à l’angoisse et donc à notre liberté.

    Le monde selon Confucius serait celui de l’anti-JE(U): dans une société placée sur une extrême codification des rapports humains. C’est l’une des raisons pour lesquelles on l’oppose à Lao-Tseu pour qui le jeu (playing) va si loin qu’il va jusqu’à ‘à déconseiller l’école dans ce qu’elle formate (game) les élèves et empêche donc le jeu (playing). Bien entendu, la vie nous impose un « juste milieu » entre créativité (playing) et respect des règles (game). Sans les règles (dont celles de la logique), on a Trump…

    « Envie de jouer ? »: oui mais à quel jeu: « play » ou « game » ?!
    Prenons un exemple: l’érotisme. On parle de jeu érotique et très rapidement on s’aperçoit qu’on retrouve l’opposition entre playing et game.
    Pendant très longtemps on a vécu sur l’idée d’un érotisme plutôt ‘game’ dont la règle était le plaisir de l’autre… sur la base de l’idée en vogue qu’on s’en faisait: peu ou prou, l’orgasme sur la base de l’orgasme masculin sans se poser la question d’une jouissance au féminin (qui mettrait hors-game l’orgasme comme règle du jeu, comme finalité et transcendance de l’acte sexuel…).
    Les femmes ont déjà leurs règles et il est préférable que la sexualité n’en rajoute pas une couche !
    Et puis c’est fait entendre petit à petit l’idée d’une sexualité qui serait dans l’immanence d’un playing sans but, sans game: une manière de musarder, une balade en montagne débarrassée de l’obsession du sommet (sans récuser l’idée de l’atteindre… par accident !).

    Et le conte d’Apulée (narration des amoures entre le Dieu Eros et la Princesse Psyché) nous montre de façon métaphorique la voie à suivre (ou plutôt à ne pas suivre): Il est expressément interdit à Psyché de chercher à voir Eros (qu’on lui a présenté comme un monstre qui vient la rejoindre le soir dans sa couche, sans qu’elle est le droit de le voir) sous peine de voir cet Amour disparaître immédiatement (les dieux privilégient le playing sur le game en supprimant la vue du dispositif amoureux… les psychanalystes ont retenu la leçon !). On connait la suite, Psyché allume une lampe à huile, émue en découvrant la beauté d’Eros elle fait tomber une goutte d’huile et Eros réveillé disparait à jamais. L’amour au sens d’Eros est du côté du ‘playing’ et non du ‘game’: il y faut une part d’inconnu.
    D’ailleurs Eros est un Dieu, et pour certains Dieu ne se représente pas (c’est donc un sacrilège que de chercher à le voir), pas plus qu’on ne peut prononcer son nom (Yahvé, Jéhovah devient YHWH ou JHVH). La princesse Psyché peut être vu comme l’impuissance de notre propre psyché à tout comprendre, à tout saisir, à tout voir. C’est l’indication qu’il y a un jeu (comme on dit un jeu entre les deux pièces d’un engrenage), un espace entre la capacité de notre psyché à saisir, à conceptualiser le monde et le réel lui même dont une part nous échappe à jamais (pas très loin du féminin psychanalytique).
    Cette saisie intelligente du monde
    C’est d’ailleurs la critique que certains feront au système clos de Hegel qui pense que nous pouvons saisir la totalité du monde par la seule Raison qui est placée en nouveau Dieu laïque. On lui reprochera (Schoppenhauer, je crois) le côté fascisant de cette conception car elle promeut l’idée du grand homme qui va réaliser cette idée et cette raison toute puissante. Cela est d’ailleurs repris par l’idée d’un management positif tout puissant par la seule volonté à dominer le monde; et dont l’ego psychologie made in USA est l’un des supports actuels et Trump l’un de ses représentants les plus aboutis !

    À cela s’oppose une dialectique négative (Adorno par exemple) qui justement récuse notre capacité à pouvoir saisir la totalité du monde par notre seule raison: le théorème de Goëdel en étant un exemple par la démonstration que dans un système formel logique, il y a toujours une proposition vraie ou fausse indémontrable !
    Un peu’ à l’image de la traduction entre les langues où il y a souvent des intraduisibles comme le montre très bien l’exemple entre ‘jouer’ en français et le couple ‘game-play’ en anglais. Et lorsqu’il y a de l’intraduisible, il ne reste plus au traducteur que de faire une note du traducteur: ce que fit JB Pontalis en traduisant le livre de Winnicott (« playing and reality ») de l’anglais au français (par « jeu et réalité » avec la note du traducteur sur le « jeu »). La présence en anglais de ‘game’ à côté de ‘play’ introduisait un jeu (au sens d’un espace impossible à combler en les deux pièces que sont le titre français et anglais.Jouer dans la signification de ‘play’ c’est devoir assumer cet espace (de création et de liberté angoissante); là où le ‘game’ est dénoté de manière précise par ses règles.
    L’interprétation-traduction du psychanalyste est entièrement dans ce playing dont la « libre association » est un moyen: laisser jouer l’inconscient à l’insu de notre plein gré dans écoute neutre (pluralité des sens) et bienveillante.

    Voilà j’ai momentanément fini de jouer !

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