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Aosta

19 Sep 2020

La vallée d’Aoste m’inspire. Une vue imprenable sur les Alpes qui se dressent majestueusement tout autour.

Des bâtiments étroits, joliment colorés, chacun doté d’un balcon en fer forgé. Une propreté quasi suisse règne partout. Les interstices des pavés sont nickels, pas une feuille, crotte de chien ou mégot de cigarette qui traîne.

Des magasins dignes d’une grande ville et des commerçants bien locaux se partagent la rue piétonne. Tout ce que j’aime se côtoie sur quelques m2.

J’y suis, je m’installe avec un bon café, je regarde, hume l’atmosphère et je sors mon cahier pour écrire.

Et vous ? Qu’est-ce qui vous inspire ? La vue d’une montagne, de la mer, d’une ville perchée ? Et que faites-vous quand vous êtes inspirés ?

-Moi, je vous écris.

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Gundula Welti

Comments

  1. Patrick Bourg Says: septembre 22, 2020 at 11:46

    Cela me fait penser au rapport de Gorges Simenon à l’écriture, pour qui, ce qu’il est profondément n’est pas dans le contenu explicite de ses romans (comme projection romancée de sa propre biographie) mais dans le fait d’écrire (réflexion très psychanalytique). Ne pas confondre le signifiant et le signifié même si les deux peuvent se recouvrir. L’écris est ici pointé comme « actING out », comme tentative d’endiguer l’intolérable, là où d’autres fumeraient une cigarette comme pour se donner une contenance. L’écrire comme décharge; et on sait à quel point Simenon aimait décharger… au bordel entre autre !

    « La vallée d’Aoste m’inspire. Une vue imprenable sur les Alpes qui se dressent majestueusement tout autour. 
    « : évoque la notion du sublime chez kant: sensation qu’on éprouve devant un mélange du beau associé à une mise en danger (comme les points sublimes des gorges du Verdon : l’abîme derrière un balcon protecteur).
    « Une vue imprenable » comporte quelque chose d’inquiétant, d’angoissant (« vertige du possible ») puisqu’étant imprenable cette vue gardera une part de mystère, donc de possible, d’inquiétante étrangeté. Écrire peut alors être un geste défensif pour colmater, endiguer, sublimer cette angoisse délicieuse ! En écrivant je tente de prendre dans le filet de mes mots cette vue imprenable. L’écrire comme contre-investissement, comme loi d’action-réaction !
    Nous retrouvons là l’idée de la « talking cure » et du « sweeping chimney » de la psychanalyse. Néanmoins l’écrit comporte un plus par rapport à la parole: il reste une trace écrite, une permanence: « les écrits restent… ».

    La description du village suisse semble être comme un contre point musical, un balcon protecteur à la vue imprenable: là tout est visible (prenable), à sa place: pas de place au possible et donc à l’angoisse: ouf !

    « Et vous ? Qu’est-ce qui vous inspire ? « :
    la réponse me semble être incontestablement l’angoisse. L’angoisse comme aiguillon nécessaire à ma mise en branle, à ma vie, à un « exister en acte » (une des définitions du désir chez Spinoza).
    D’où le problème d’une psychiatrie trop médicamenteuse, qui en supprimant trop radicalement l’angoisse, supprimerait toute possibilité thérapeutique mentale. « à l’école de guerre de la vie, ce qui ne me tue pas me rend plus fort » (Nietzsche bien sur !). D’ailleurs les médecins savent bien que la prescription d’anxiolytique seul à un déprimé aggrave les choses, justement en supprimant cet aiguillon thérapeutique de l’angoisse.
    Le désir (dont le désir d’écrire c’est à dire dont le substrat révélateur du désir est l’écriture) est notre réponse ‘positive’, constructive face à l’angoisse: certains font d’ailleurs remarquer le rapport de signifiant (forme acoustique des mots) entre ‘désir’ et ‘dés ire’ (enlever l’ire c’est à dire la colère comme forme de décharge de mon angoisse). Le désir comme forme d’autonomie par rapport à mon ire.

    « – Moi, je vous écris. 
    Inspirément vôtre, »: moi je vous réponds ! Et ainsi nous ex-sistons (ek-sistere: se poser à partir de l’ex-térieur: Heidegger).

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