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Une histoire de Noël

11 Déc 2010

Voici une histoire qui m’est arrivée aujourd’hui et qui, je trouve, illustre bien ces quelques jours avant Noël quand il fait gris et triste dehors. La belle neige blanche qui n’est plus que bouillie, le soleil qui peine à percer et les journées qui s’enchaînent «  de crépuscule à  crépuscule » sans passer par la case ‘jour’.

Tous les weekends, Wolfgang et moi faisons un footing d’une petite heure afin de garder nos corps en forme et afin d’éviter qu’à force de profiter de la vie on ne ressemble à une bouteille d’Orangina. Nous faisons toujours le même chemin menant de Bussy – en passant par Chanteloup – au  bois de Chigny. Quasi systématiquement, nous rencontrons sur notre chemin un homme d’environ notre âge en chaise roulante. Il est vraiment très handicapé et aucun membre ne semble lui obéir. Il fait avancer son fauteuil électrique avec un bouton en dessous de son menton.

Nous avons pris l’habitude de lui lancer un « BONJOUR » bien sonore en le croisant. Il répond par un grognement. Nous avons l’impression qu’il nous reconnaît et qu’il nous regarde bien quand nous arrivons vers lui au pas de course.

Aujourd’hui, Wolfgang étant occupé ailleurs, j’ai bravé seule le mauvais temps et le sol glissant. J’ai calé mes écouteurs dans mes oreilles et je me suis fait plaisir en me réchauffant sous l’effort de la course.

Quand j’étais environ à mi-chemin, j’ai vu l’homme à la chaise roulante de loin. Il glissait sur la neige et les traces qu’il laissait derrière lui prouvaient bien qu’il avait eu du mal à garder le cap. J’ai couru dans sa direction en lui faisant, comme à mon habitude, un grand sourire. Et là, je m’aperçois qu’il avait arrêté sa chaise et qu’il m’attendait !  Je me suis donc arrêtée et je lui ai lancé mon « BONJOUR » accompagné par tout un flot de mots : « ça glisse aujourd’hui, n’est-ce pas ? – J’ai failli tomber à plusieurs reprises – vous en avez du courage de sortir avec ce mauvais temps – vous n’avez pas froid ? » A quoi, il me répond « Un peu » !!!!  J’en étais émerveillée. Depuis tous ces mois, nous pensions qu’il pouvait seulement s’exprimer en onomatopées.

Alors, j’ai posé la main sur son épaule, je l’ai regardé dans les yeux – avec lesquels il me fixait intensément- et je lui ai demandé : « Vous allez au centre-ville de Bussy ? » Il a pris un long moment à remuer sa mâchoire, sa langue, sa tête avant de sortir maladroitement un : « Oui, à Bussy ». Il était difficile à comprendre, mais il avait l’air tellement heureux que quelqu’un lui ait adressé la parole. Alors j’ai continué à lui parler en y mettant tout mon cœur. J’ai essayé de faire des phrases et des questions auxquelles il pouvait répondre par un simple  « oui » ou « non » pour lui faciliter la tâche. Nous sommes restés quelques petites minutes comme ça en train d’échanger entre tétraplégique et joggeuse. Jusqu’à ce que le froid ait raison de moi et que je lui souhaite une excellente journée.

En partant, j’avais une grosse boule dans la gorge car je savais que ces 3 minutes étaient pour moi les plus précieuses de la journée, de la semaine, du mois, de l’année. Cet homme avait l’air tellement heureux que quelqu’un se soit arrêté et lui ait adressé la parole au lieu d’être repoussé par son handicap. Au fond de moi, je savais que j’avais fait une différence dans la vie de cet homme au moins pour 3 minutes.

A 12 jours de Noël, symbole de fête et d’amour, j’ai eu envie de changer le contenu de ma newsletter (la négociation peut attendre!), les recettes aussi, pour vous inviter à faire une différence pour quelqu’un. Après tout, c’est aussi cela l’esprit de Noël.

Joyeuses fêtes à tous !

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Gundula Welti

Comments

  1. Coucou,
    Je te reconnais bien la Gundula, belle histoire que tu racontes et parfois prendre le temps de regarder ceux qui nous entourent ou que l’on croise regulierement peux nous apporter beaucoup de joie et nous prouve que parfois le bonheur peut tenir a peu de chose
    Valerie

  2. hou, la, la, ça met du citron dans les yeux ce récit !

  3. Waouh!!! Je ne suis pas étonnée de votre émotion et de votre empathie. Je vous reconnais bien.
    D’autre part, votre plume est joyeuse et met un peu de douceur dans ce monde de brut.
    Bien à vous,
    Montoubib

    • vincent Duvillier Says: décembre 12, 2010 at 10:25

      Gundi toujours aussi forte
      Oui que cette période de fêtes soit l’occasion d’apporter un peu de joie là où on n’a pas l’habitude d’en apporter… à sa mesure… un peu plus qu’à sa mesure.

      Ton grincheux préféré

      • Gundi toujours aussi forte ?
        Je dirai Gundi qui est elle-même !
        Ce n’est pas une question de force !
        Mais de se laisser toucher au plus profond de soi-même et ne pas avoir de carapace. De cette façon on peut se laisser interpeler par son prochain…
        Il faut être AWARE et non GRINCHEUX !
        Merci Gundi pour ton partage!
        Ton Joyeux préféré !

  4. Waouh ! Quelle belle illustration de l’altruisme 🙂
    J’en suis sûre, pour cet homme, TU resteras LA joggeuse la plus généreuse et celle qui a illuminé sa journée, son mois, son année !

  5. C’est une bien belle histoire et un très beau geste.
    C’est fou comme de précieux instants comme celui-ci peuvent vous changer la journée et la rendre tout de suite unique.
    Je suis sure que tu auras un regard encore différent le weekend prochain !

  6. Nous avons eu le meme genre d’experience recemment à Noisiel un soir tard en rentrant, alors qu’il faisait tres tres froid. Un handicapé en fauteuil roulant seul dans le noir, au bord du trottoir semblait nous faire un signe. Nous avons garé la voiture et mon mari est allé voir si tout allait bien. Le pauvre avait fait tomber par terre la telecommande pour rentrer chez lui et impossible de l’atteindre. Une chance que nous ayons compris le vague signe qu’il nous adressait car entre le froid et l’heure tardive qu’aurait il pu faire. Apres s’etre assuré qu’il pouvait rouler malgré le verglas nous sommes rentrés heureux d’avoir pu faire un petit quelque chose.

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