« The one thing »
16 Jan 2021

Gary Keller, l’auteur du livre « The one thing », nous explique que nous ne savons pas gérer 2 priorités et les mener avec la même qualité. Il suggère d’en choisir une seule et de la poursuivre à fond. Votre « one thing ».
Car dès que nous nous concentrons à 100% sur un projet, il avance ! Keller suggère de consacrer 4 heures de votre journée pour votre « one thing » … chaque jour.
Si vous voulez mettre un site web en ligne – peu importe votre compétence initiale – imaginez-vous démarrer chaque journée de la semaine avec 4 heures consacrées uniquement à ce projet ! Aucune distraction. Il est fort à parier que votre super-cerveau trouvera des moyens créatifs de solutionner tous les défis. Car vous ne l’autorisez pas à faire autre chose, car c’est votre « one thing » !
Quelle serait votre priorité qui mériterait que vous en fassiez votre « one thing » de ce début d’année ?
Je comprends le soucis d’efficacité à la base de ce « one thing ». Il est certain qu’en s’immergeant dans un projet on y gagne en concentration et on diminue le temps nécessaire à se replonger dans son projet. Se créer des routines est indéniablement efficace. Poussé un peu loin, c’est une névrose obsessionnelle…
Et pourtant pendant la lecture de cette bulle, le mot de « sérendipité » m’est venu spontanément: c’est à dire le fait de découvrir quelque chose en faisant autre chose que son projet initial. La distraction intelligente est aussi pourvoyeuse d’efficacité… différée.
« Time is money » : nous y voilà dans la motivation principale du « one thing ».
D’où ce propos qu’on attribue à l’ancien joueur de tennis Ivan Lendl : « Manager seulement pour le profit revient à jouer au tennis en regardant le tableau de résultat plutôt que la balle ».
J’ai tendance à me méfier des « one thing » car, même si elles sont indéniablement utiles sur des projets urgents, elles se polarisent plus sur le résultat que sur le processus pour y arriver: hors ce processus peut demander des détours où l’on abandonne momentanément le « one thing ».
J’ai même un contre-exemple en tête: quand je bute sur un problème, le mettre de côté, le laisser reposer puis y revenir ultérieurement me permet souvent d’y revenir avec un regard neuf, avec un autre angle d’attaque. Cette dés-obsessionnelisation du « one thing » porte alors ces fruits. Au bout du compte, je n’arrive pas à être ni pour ni contre cette idée du « one thing » tellement elle dépends des circonstances.
J’ai par exemple en tête ces projets qui aboutissent par une recherche pluridisciplinaire: j’aurais beau me concentrer quatre heures par jour sur ce projet, la solution viendra peut être d’une autre personne avec une approche différente de la mienne: par exemple, un linguistique travaillant sur le code génétique.
Ou encore ces livres que je relie pour la nième fois et j’y découvre à chaque fois une nouveauté: il y a donc de la place pour une éloge de la lenteur et du « several things » !
« Il suggère d’en choisir une seule et de la poursuivre à fond. Votre « one thing ». »: éloge de la fidélité conjugale ?! Eviter que l’autre ne fasse des comparaisons ?!
André Comte-Sponville, le philosophe, en parlant de « mauvais livres de management » dit de cette expression qu’elle est un pléonasme ! Je crois, qu’il faut y entendre que le management comme seul horizon instaure une quête de rentabilité quantitative souvent au détriment du qualitatif.
J’ai en tête la pratique de la « libre association » de la psychanalyse (où du « brain storming ») où c’est justement en ne se concentrant pas sur « one thing » qu’on fait émerger la solution au problème, mais en disant tout le bric à brac de ce qui passe par la tête.