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Passer à autre chose

04 Juin 2021

Nos rôles et habitudes nous collent à la peau. Nous les répétons car nous les maitrisons. Ils ont creusé des sillons dans notre cerveau et à chaque répétition, le sillon devient plus profond.

Ils deviennent des canyons tellement profond que nous ne pouvons apercevoir ou imaginer les autres chemins neuronaux.

C’est pour cela qu’il est plus difficile de quitter son employeur au bout de 15 ans qu’au bout de 15 mois.

Nous restons bien au fond du canyon, privés de lumière, de soleil, ne voyant que le même chemin parcouru jour après jour. Aucune créativité, pas de place pour une folie.

Pour grimper les parois, nous avons besoin d’entraînement, de stimulation et peut-être aussi d’une équipe d’entraineurs et d’un préparateur mental. Si les sportifs de haut niveau se font accompagner pour grimper au sommet d’eux-mêmes, pourquoi ne le ferions-nous pas nous aussi ?

Envie de quitter votre canyon ?

PS. Cette bulle vibre aussi sur les ondes de YouTube. C’est par ici.

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Gundula Welti

Comments

  1. Patrick Bourg Says: juin 16, 2021 at 11:15

    Une phrase m’interpelle particulièrement: « Si les sportifs de haut niveau se font accompagner pour grimper au sommet d’eux-mêmes… »:
    Qu’est-ce que « grimper au sommet de soi-même » ?!
    Dans la métaphore alpiniste le sommet est le point haut géographique auquel on a décidé de se confronter. Mais le reste de la bulle nous invite à entendre un sommet plus analytique (sortir de nos « rôles et habitudes ») que synthétique (le point haut géographique). J’adhère à cette idée générale: la chronicité fonctionne comme une pulsion de mort, un Thanatos. C’est même ce qui tue les couples quelqu’en soit la nature. À l’inverse la pulsion de vie, l’art d’Eros est de créer de nouveau lien aux choses du monde.
    Chez Nietzsche cela prends l’allure du combat entre Apollon, maître masculin du rythme (avec ses répétitions), et Dionysos esprit féminin de la mélodie (avec ses variations). Il est à noter qu’au début de son oeuvre il fait de la cordée Apollon-Dionysos l’allégorie de notre équilibre interne personnel, mais qu’à la fin de son oeuvre il met Dionysos en avant (la folie créative imbibée !) avec juste l’intervention modératrice d’Apollon: « savoir boire c’est savoir rester debout jusqu’au dernier verre » ! (Gilles Deleuze).

    « C’est pour cela qu’il est plus difficile de quitter son employeur au bout de 15 ans qu’au bout de 15 mois»: l’angoisse est le « vertige du possible » c’est à dire du potentiellement variable. On comprends qu’alors la régularité avec son retour du même chronique soit une défense contre l’angoisse: cela se fera via de nombreuses figures: une idéologie unique, un Dieu unique, un homme providentiel, un dictateur, un gourou, une drogue, un amour unique, etc:
    « De successives dépendances sont venues relayer le lien maternel, dans la charge imaginaire de nous préserver.
    Plus la dépendance suppléante, asservit, plus elle semble protéger.
    Pour contenir l’intolérable intuition de notre fondamental esseulement, peu importe l’objet de cette dépendance.
    Ce sera Dieu, la Science, un maître, une doctrine.
    Ce sera la famille, un trait identificatoire, une habitude .
    Ce sera une drogue, un symptôme, une manie » Jean Claude Lavie.

    C’est d’ailleurs intéressant de voir que la rééducation des AVC nous a montrer notre capacité à créer de nouvelles connexions neuronales pour suppléer à celles détruites.

    « Si les sportifs de haut niveau se font accompagner pour grimper au sommet d’eux-mêmes, pourquoi ne le ferions-nous pas nous aussi ? »: grimper au sommet est-il grimper au sommet de soi-même ? Patrick Edlinger, icône, s’il en fut, de la grimpe, admiré pour ses solos intégrals dans le Verdon termina sa vie vie en connaissant les affres de la dépression et de l’alcool.
    Les troupes d’élite, genre Corps des marines ou Légion Etrangère ont eux aussi des préparateurs mentaux pour en faire des Rambo. Certes ils atteindront des sommets dans l’art de tuer, mais cet art ne résume pas ni ne subsume celui d’être au sommet de soi-même.
    Si le sommet se réduit à n’être qu’un objectif à atteindre, il n’y a aucune raison de penser qu’il aille de paire avec le sommet de soi-même. Une brute épaisse peut être entrainé pour atteindre certains objectifs ponctuels. Et un objectif ponctuel ne peut subsumer et résumer la complexité d’un être.
    Le sommet est par essence phallique comme saillance. En tant que telle cette saillance,,ce « trait unaire » rassure: le « game » prends le pas sur le « playING ». Et si le sommet métaphorique de l’humain était d’ajouter un supplément féminin à cette saillance: une prégnance, par exemple. Ce pourrait être le style d’une ascension, non que ce style ignore le but, le sommet géographique à atteindre, mais qu’il refuse de s’y aliéner, préférant l’immanance d’une démarche stylée à la transcendance d’un résultat pour le résultat c’est à dire d’un sommet où il y perdrait son âme en s’y prostituant !
    Tout sommet n’est pas fait de sommet ! Le sommet de soi-même peut résider dans la désaliénation du sommet géographique.
    Certains ont voulu réduire la sexualité à l’acte sexuel (première réduction) et l’acte sexuel à l’orgasme (deuxième réduction): ils y ont favorisé le « game » avec ses règles bien définies (acte sexuel + orgasme) au détriment du « playING » avec ses aléas du moment: « partir pour partir sans l’espoir d’arriver », bref l’érotisme.
    Ce n’est le moindre des paradoxes que pour arriver au sommet de soi-même, il faille se désaliéner du sommet comme objet et objectif. Être soi ne peut se réduire à être moi… à méditer !

    « Nos rôles et habitudes nous collent à la peau. Nous les répétons car nous les maitrisons. »: à moins que ce soit eux qui nous maîtrisent !

    « Manager seulement pour le profit revient à jouer au tennis en regardant le tableau de résultat plutôt que la balle » (propos qu’on prête au joueur de tennis Ivan Lendl »: Tout objectif est bien le profit attendu. Et c’est la contradiction à dépasser: pour augmenter ses chances d’atteindre cet objectif, il faut se détourner de l’objectif pour concentrer sur le processus (les gestes, le timing) qui permet de le réaliser. C’est souvent à trop vouloir gagner qu’on perd en se mettant une pression inutile qui, de plus, nous déconcentre de l’action en cours.
    Et si l’idée de grimper au sommet de soi-même contenait celle d’abandonner l’idée de tout sommet au sens d’idéal mégalomaniaque et narcissique ?!
    Le dernier pas qui mène au sommet n’est pas différent qualitativement des pas nécessaires qui l’ont précédés: donc pourquoi privilégier le sommet.
    “… tout le monde veut vivre au sommet de la montagne sans savoir que le vrai bonheur est dans la manière de l’escalader.” Gabriel Garcia Marquez (seul ou avec les autres, sans ou avec style, par exemple)

    « Et l’on peut tenir les jeux [games], avec ce qu’ils comportent d’organisés, comme une tentative de tenir à distance l’aspect effrayant du jeu [playing] ». Donald Winnicott (le sommet comme ‘game’ (jeu organisé avec règles) pour tenir à distance le ‘play’ (le jeu aléatoire, non organisé ou désinterressé, du marcher avec les autres par exemple)(la différence entre aventurier (game) et aventureux (playing) chez V Jankélévitch (1903-1985).

    Malraux : l’aventure comme anti-destin, anti-destination, anti-but (le but, l’objectif étant une manière d’éviter l’aventure qui fait peur : l’idée du sommet est un espoir différé qui nous rassure narcissiquement (un désir de rentabilité, d’avoir un gain, d’avoir son compte: aventurier) et nous protège en partie de l’aventure humaine instantanée et désinterressée qui, elle, nous angoisse: aventureux).
    « L’espoir (le sommet), passion triste qui nous vole le présent (du marcher avec les autres, par exemple) au nom d’un lendemain (le sommet)» Spinoza (si le sommet ne peut être atteint, je serais triste s’il était mon objectif prioritaire (castration); par contre, je serais content si j’ai eu le plaisir du cheminement instantané partagé, quelqu’en soit l’issu en terme d’objectifs (sommet, dénivelé, temps)

    « Quand vient l’heure du bilan
Quand on est amené à parler de toi
L’important n’est pas de dire si tu as gagné ou perdu
Mais de dire comment tu as joué » Rudyard Kipling 

    « J’ai parfois employé l’image d’un alpiniste cherchant à conquérir un sommet de l’Himalaya, quasi inaccessible et perdu dans les nuées. C’est la recherche de la « bonne voie » qui est tout, mais il est aussi inévitable que notre homme s’engage éventuellement sur une fausse voie, menant à un à-pic. Faut-il rebrousser chemin ? Faut-il utiliser des pitons ? Personnellement ce sont ces bifurcations décisives, ces points de « fourvoiement » qui me passionnent dans l’œuvre freudienne… ». Jean Laplanche

    « Devenir ce que l’on est demande que l’on ne sache pas à l’avance ce que l’on est… » (avoir un but c’est se borner, être borné) Nietzsche

    « Le Beau est une finalité sans fin » Kant. Une belle escalade, dans ce sens, serait une escalade aventureuse (et pas aventurière selon Jankélévitch) c’est à dire sans but défini, sans fin; une escalade en devenir qui musarde, qui joue au sens du « playing » et qui ne s’aliène pas au « game » et son obsession prédatrice du gain.

    « Quiconque aspire à quelque liberté de penser, doit se priver pour un long temps du droit de se sentir autre chose qu’un errant sur la Terre. Je ne dis pas un voyageur, car l’homme qui voyage se propose un but final. Or un tel but n’existe pas. L’errant doit bien observer, tenir ses yeux bien ouvert sur le train du monde ; il doit donc interdire à son cœur toute attache un peu forte aux choses particulières, et toujours maintenir en lui cette humeur de vagabond, qu’amuse tout ce qui change et passe » Nietzsche

    « Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à changer de paysage, mais à avoir de nouveaux yeux »

    « Carpe diem quam minumum credula postero »
    « Carpe (carpo: littéralement ’brouter’) diem (cueille le jour) quam minumum credula (et sois un minimum préoccupé) postero (par le lendemain, littéralement par le jour qui suit)».
    Ainsi c’est la préoccupation qui est pointée comme empêcheur de « carpe diem », le passé, le futur (mais aussi le présent temporel ) étant les préoccupations majeures qui nous prennent la tête et nous empêchent d’être dans l’action (ING) de brouter. Un peu à l’instar de l’escalade où la préoccupation future du résultat final (sommet, cotation ou peur de tomber qui est aussi une transcendance par rapport à l’immanence du processus de grimper avec sa gestuelle) empêche d’être pleinement dans l’action du geste technique (immanence) débarrassé des scories, inessentielles à son déroulement, du but final. Les causes finales en sont aussi des exemples ainsi que toutes transcendances.

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