unnamed

Le prix de l’apprentissage

08 Fév 2014

 

Je suis dans le RER.Tickets

 

« Tickets s’il vous plaît »

 

Je tends mon ticket avec le sourire de l’innocence. 

 

Le contrôleur me demande le justificatif du tarif réduit – ?!? 

 

Je lui réponds que j’ai acheté un carnet de 10.

 

Erreur, mon ticket indique « Tarif réduit » : il aurait fallu que je sois enfant ou étudiant. 

 

Le contrôleur me présente alors un terminal de Carte Bleue pour payer une amande de 33 euros ainsi qu’un procès verbal à garder en souvenir. Je n’avais aucun moyen de prouver que j’avais demandé un carnet de 10 ‘normal’ et qu’on m’avait vendu des tarifs réduits. 

 

J’étais vexée et humiliée, au bord des larmes. Je n’avais rien fait d’illégal et je payais l’erreur du guichetier ! Je fulminais pendant une demi-heure et une fois les émotions fortes passées, je me suis dit que j’avais perdu l’habitude de payer pour mes apprentissage. 

 

On paie en tombant pour apprendre à marcher, on paie en travaillant et en recevant  des notes parfois mauvaises pour apprendre à l’école, on paie en courbatures pour apprendre un nouveau sport . 

 

J’ai payé 33 euros pour apprendre à vérifier les billets qu’on me donne au lieu de les empocher machinalement. Finalement, mon expérience n’est pas un échec, ni une humiliation, mais le prix de mon apprentissage. Et j’avais tout simplement oublié qu’apprendre pouvait être désagréable. 

 

Si vous vivez des expériences douloureuses, pouvez-vous aussi les considérer comme le prix de votre apprentissage ?

 

 

Partager

Gundula Welti

Comments

  1. Certes, je parviens à concevoir qu’il faille payer pour apprendre, mais dans ce cas précis s’agit-il vraiment d’un apprentissage? Qu’as tu appris en vérité ? A ne pas faire confiance au travail d’un autre et à toujours vérifier ce que l’on te remet en main propre ? Soit !

    33 euros c’est le prix de ton étourderie, mais en réalité, si tu réfléchis bien je pense que tu n’as rien appris. Tu es juste victime d’un fait de Société, pervers à souhait qui tend à se généraliser dans toutes les branches de l’économie. J’ai baptisé ce phénomène la Responsabilité Fantôme (RF), je m’explique.

    L’absence de responsabilisation dans le travail conduit à une non sanction en cas de faute. Il ne s’agit pas d’un cadre juridique, mais simplement d’une absence de responsabilisation dans la conscience du travailleur. Si celui ci fait une faute dans son travail,la plupart des sanctions encourues sont nulles. De fait, la conscience de la faute n’agit plus comme un levier permettant au travailleur de corriger son erreur, le poussant à devenir meilleur ou tout du moins à faire attention.

    Le processus est bloqué, parce que le système « Erreur – Sanction – Correction » n’a pu aboutir.

    La responsabilité s’est donc déplacée à celui qui « hérite » de l’erreur, en l’occurrence toi, l’erreur s’est transformée en injustice, et de fait, la responsabilité suit le chemin du ticket de métro.

    Et voilà Gundie prise dans les méandres du bogue pervers de la Responsabilité Fantôme. Le contrôleur, ne cherche plus la responsabilité, mais se borne à la constatation. Il remplit son rôle d’application du règlement sans s’intéresser à la compréhension du problème. Il n’est pas payé pour réfléchir mais pour appliquer.

    Résultat la responsabilité a disparu avec le PV.

    Le sentiment que tu as ressenti est celui de la frustration profonde qu’engendre la sanction face à l’innocence, et on t’a fait endossé la culpabilité du préposé qui s’est trompé de carnet de tickets.

    2 constatations s’imposent
    – La responsabilité a disparu
    – La culpabilité s’est déplacée.

    Résultat des courses, aucun changement dans le processus. Le préposé continuera de faire n’importe quoi et le trop petit nombre de contrôles ne permettront pas de remonter jusqu’au préposé qui t’a vendu le mauvais carnet de ticket.

    RF (CQFD)

    On pourrait s’amuser à suivre ce process dans pas mal d’administrations.

    Je m’avance en prétendant qu’il ne s’agit pas là d’apprentissage mais de leçon. L’apprentissage au sens ou tu l’entends nait de nos propres actions, de nos propres erreurs.
    Je tombe et je me relève. Alors je cherche à comprendre pourquoi je suis tombé et une fois debout j’apprends comment faire pour ne plus tomber.

    Mais si on me pousse et que je tombe, difficile d’apprendre à ne pas tomber à nouveau incapable que je suis à contrôler ce que font les autres.

    Bien sur, comme tu le précises, ça t’apprendra à ne pas vérifier ce que t’a tendu le préposé. Mais il s’agit plus d’une leçon. On ne t’y reprendra pas 2 fois. Dorénavant tu vérifieras à chaque fois.

    Tout ceci pour dire quoi ?
    Que ton anecdote est symptomatique d’une société qui perd ses valeurs fondamentales, chacun devrait avoir la responsabilité de bien remplir sa tâche. Celle également d’endosser la faute quand elle survient, de l’accepter et de tenter de l’éviter à l’avenir, ce qui contribuerait à valoriser le travail lui-même. Aujourd’hui le sentiment de faute est le sentiment le plus mal accepté des Français et ça c’est dommage…

    Responsabilité Fantôme.

  2. Un contrôleur contrôle, il n’a ni sentiment ni état d’âmes ni pouvoir de juger de la bonne foi ou de l’intention délibérée. Son seul constat : vous n’êtes pas dans la situation prévue et en conséquence votre rétablissement dans la bonne case est tarifé 33€ ….. dites « 33 » !
    Dès lors que cette somme ne déséquilibre pas votre budget, dès lors que vous ne souffrirez même pas de son incidence dans votre vie, votre seule peine est celle que vous vous infligez toute seule en étant vexée et en vous sentant humiliée. A quoi bon vous infliger cette double peine alors qu’à l’instant même où il a empoché cette taxe, le contrôleur en question vous a oubliée.
    Comme vous le concluez vous-même avec bon sens vous serez comme chacun d’entre nous une éternelle apprentie* et cela jusqu’à votre dernier souffle.

  3. Bonjour,

    J’ai beaucoup aimé cet article. C’est vrai qu’il faut savoir relativiser et tirer des leçons de nos erreurs, même si le prix de la leçon est cher.

    Bon dimanche !

  4. Super Gundula! C’est aussi ce que j’ai appris à faire pour accepter certaines expériences désagréables comme la tienne

  5. Geneviève Says: février 9, 2014 at 1:35

    Intéressant .. Ça va me permettre de regarder différemment l’amende que je vais recevoir pour m’être garée à contre-sens ..

  6. Chamodon Serge Says: février 11, 2014 at 5:37

    Bonjour Gundi,
    Il est arrivé la même chose à un africain dans le RER. Il ne s’est pas démonté et a répondu : « oui j’ai un ticket à tarif réduit car je suis un enfant de Dieu ! ».

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *