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Une histoire de Noël

Voici une histoire qui m’est arrivée aujourd’hui et qui, je trouve, illustre bien ces quelques jours avant Noël quand il fait gris et triste dehors. La belle neige blanche qui n’est plus que bouillie, le soleil qui peine à percer et les journées qui s’enchaînent «  de crépuscule à  crépuscule » sans passer par la case ‘jour’.

Tous les weekends, Wolfgang et moi faisons un footing d’une petite heure afin de garder nos corps en forme et afin d’éviter qu’à force de profiter de la vie on ne ressemble à une bouteille d’Orangina. Nous faisons toujours le même chemin menant de Bussy – en passant par Chanteloup – au  bois de Chigny. Quasi systématiquement, nous rencontrons sur notre chemin un homme d’environ notre âge en chaise roulante. Il est vraiment très handicapé et aucun membre ne semble lui obéir. Il fait avancer son fauteuil électrique avec un bouton en dessous de son menton.

Nous avons pris l’habitude de lui lancer un « BONJOUR » bien sonore en le croisant. Il répond par un grognement. Nous avons l’impression qu’il nous reconnaît et qu’il nous regarde bien quand nous arrivons vers lui au pas de course.

Aujourd’hui, Wolfgang étant occupé ailleurs, j’ai bravé seule le mauvais temps et le sol glissant. J’ai calé mes écouteurs dans mes oreilles et je me suis fait plaisir en me réchauffant sous l’effort de la course.

Quand j’étais environ à mi-chemin, j’ai vu l’homme à la chaise roulante de loin. Il glissait sur la neige et les traces qu’il laissait derrière lui prouvaient bien qu’il avait eu du mal à garder le cap. J’ai couru dans sa direction en lui faisant, comme à mon habitude, un grand sourire. Et là, je m’aperçois qu’il avait arrêté sa chaise et qu’il m’attendait !  Je me suis donc arrêtée et je lui ai lancé mon « BONJOUR » accompagné par tout un flot de mots : « ça glisse aujourd’hui, n’est-ce pas ? – J’ai failli tomber à plusieurs reprises – vous en avez du courage de sortir avec ce mauvais temps – vous n’avez pas froid ? » A quoi, il me répond « Un peu » !!!!  J’en étais émerveillée. Depuis tous ces mois, nous pensions qu’il pouvait seulement s’exprimer en onomatopées.

Alors, j’ai posé la main sur son épaule, je l’ai regardé dans les yeux – avec lesquels il me fixait intensément- et je lui ai demandé : « Vous allez au centre-ville de Bussy ? » Il a pris un long moment à remuer sa mâchoire, sa langue, sa tête avant de sortir maladroitement un : « Oui, à Bussy ». Il était difficile à comprendre, mais il avait l’air tellement heureux que quelqu’un lui ait adressé la parole. Alors j’ai continué à lui parler en y mettant tout mon cœur. J’ai essayé de faire des phrases et des questions auxquelles il pouvait répondre par un simple  « oui » ou « non » pour lui faciliter la tâche. Nous sommes restés quelques petites minutes comme ça en train d’échanger entre tétraplégique et joggeuse. Jusqu’à ce que le froid ait raison de moi et que je lui souhaite une excellente journée.

En partant, j’avais une grosse boule dans la gorge car je savais que ces 3 minutes étaient pour moi les plus précieuses de la journée, de la semaine, du mois, de l’année. Cet homme avait l’air tellement heureux que quelqu’un se soit arrêté et lui ait adressé la parole au lieu d’être repoussé par son handicap. Au fond de moi, je savais que j’avais fait une différence dans la vie de cet homme au moins pour 3 minutes.

A 12 jours de Noël, symbole de fête et d’amour, j’ai eu envie de changer le contenu de ma newsletter (la négociation peut attendre!), les recettes aussi, pour vous inviter à faire une différence pour quelqu’un. Après tout, c’est aussi cela l’esprit de Noël.

Joyeuses fêtes à tous !